Toutes les premieres fois ,
كل أول مرة - LE 18


EXPOSITION EN COURS A MARRAKECH

Janvier - Mai 2023


LE 18, derb el ferrane, riad laarouss, Médina -Marrakech

Toutes les premières fois est une itération du projet artistique, éditorial et curatorial Everything is Temporary initié par Laila Hida en 2015. A chaque espace que le projet investit, il déploie une forme différente à partir d’une même archive textuelle et photographique collectée sur plusieurs années.


Dans ce nouveau format, Everything is temporary prend forme à travers une série d'événements et de manifestations accidentelles  pour créer un agencement autonome d’œuvres et d'installations émergeant d’urgences individuelles ou partagées. À partir d'octobre 2022, le projet s’est installé à LE 18 comme studio performatif, invitant différents artistes à entrer en conversation les uns avec les autres et avec l'espace lui-même. En février 2023, ces occupations éphémères et spontanées de l’espace donnent naissance à l’exposition Toutes les premières fois qui se construit sur le chevauchement de temporalité, de rencontres et de désirs d’expérimentations. Libérée des questions thématiques tout en remettant en question l'idée de cohérence, cette proposition se forme par juxtaposition de réalités, tissées par un lien fictionnel.

 




Extrait:


“ Par ce geste il semble confirmer son appétence à demeurer le lieu de l'insaisissable, de l'expérimental, de l'échec et de la réconciliation, le lieu des premières fois. Là où chacun se sent naître de nouveau dans son corps, par le geste ou par l'expérience où l’assurance du doute traverse autant les murs que les projets, car en fin de compte, les certitudes s'évanouissent comme une glace fond au soleil.

Finalement, nous n’avons pas choisi d’être ensemble mais il y avait au moins une raison de nous rassembler. Puis il a fallu cohabiter. Une transe collective a pris tout le monde par les tripes. Nous avons dû inventer des liens et provoquer des ententes ou des discordances. De toute manière qu’on s’aime ou qu’on se déteste, c’est presque la même chose. Les sentiments ont la même mère. La vraie question est comment faire vivre nos démons, les siens et ceux des autres, ensemble, pour que l’amour soit moins douloureux, les rendre moins laids à la face du monde, moins mystérieux.

Le mystère se lit dans l’ombre des nuages.

Sans mots, les images nous fixent, elles nous arrêtent, nous mettent en position d’attente. Elles disent ce qu’on n’entend pas. “Il y avait un autre choix, il y avait une autre vie, si le passé pouvait se retourner.”

Toutes les premières fois ne revendique rien d’autre que le silence pour s’écouter. Les mots projetés comme des cris, dans le ciel noir, dans l’air, sur les murs et sur les visages.

Nous venons de planter les graines de nos désirs communs. Pourvu qu’elles grandissent et s’élèvent vers le ciel pour appeler la pluie. Elle nous a un peu déserté par ici, nous laissant dans le froid et l’incertitude et on entend les gens crier sécheresse du fond du puits. Mais les touristes, eux, sont contents parce qu’il fait chaud et que le soleil brille en hiver. Et même si les ressources se sont amenuisées, les enfants ont trouvé l’inspiration de fabriquer des espaces pour rêver. Trois fois rien, une corde et un bout de carton. Le monde des enfants est tellement plus logique, il est frais et nouveau. Il abonde de premières fois. Première fois qu’on se balance, qu'on s'embrasse, qu'on se quitte.

L’amour fait mal dans un endroit qui n’existe pas. De toute façon, on n'était pas fait pour être ensemble. Ce qui importe c’est l’amour. Quand on aura fini de se détester on s'aimera de nouveau.

On est juste en transition vers nos futurs certains.

Si seulement on parlait la même langue. Toi tu parles la langue des oiseaux et moi celle du scarabé. Je finirai écrasée sans que tu ne m’aies jamais aperçu du haut de ton envol.

Et peut-être qu’un jour on prendra un café ensemble sur cette terrasse du centre ville qui m’est chère, et même si les machines ont remplacé les arbres, je continuerai de m’assoir à cette même table pour regarder les voiture se garer en face de moi et les désoeuvrés boire dans mon verre. Et si nous disparaissons nous ne manquerons pas à la terre et si nous continuons de vivre nous ne serons plus les mêmes. Nous ne sommes déjà plus les mêmes.”



Laila Hida